Eglises abandonnées - Francis Meslet - Editions Jonglez - 2020

 L'urbex est né dans les années 1970-1980  avec le phénomène de désindustrialisation et la visite d'usines abandonnées, le terme urbex (exploration urbaine) n'apparaissant que dans les années 2000.

Cette activité concerne non seulement la visite de bâtiments industriels, châteaux, écoles, églises etc. mais aussi les anciennes carrières et souterrains, les avions et bateaux échoués, les trains abandonnés...

C'est une activité interdite par la loi, et qui comporte des risques, mais le manque de textes en la matière lui a permis de se développer. Beaucoup d'"urbexeurs" deviennent ainsi des témoins du passé, et permettent parfois la sauvegarde des lieux.

Les urbexeurs ont un code de conduite : ne pas divulguer les adresses, ne pas piller ni dégrader les lieux...

Francis Meslet, auteur des photos de ce magnifique livre a une formation artistique et pratique l'urbex depuis une quinzaine d'années. Les photos présentées ici sont bien sûr de grande qualité mais elles ont surtout l'extraordinaire pouvoir de nous transporter comme par magie à l'intérieur de ces églises abandonnées. Et je me dis que la photo est à la fois une technique et un art qui a la capacité de nous émouvoir au plus haut point.

Regardant ces photos, on peut être saisi de vertige tant il semble que nous soyons au milieu du décor. Sensation de fouler les sols de terre battue ou les vieux pavés, de lever les yeux vers les voûtes toujours debout malgré les ravages du temps. Ebahissement devant les vestiges de ce qui a été, ce qui fut une prouesse d'architecture, peinture, sculpture, art, au service de la dévotion. On voit ce qui est et ce qui a été, et c'est bien là ce qui nous émeut.

Que de poésie, de nostalgie, sur les murs et les fresques que la patine a même parfois embelli ! Un rai de lumière, la couleur à peine défraîchie des fresques et un début de végétation sauvage, clin d'oeil à des offrandes passées, et nous voilà propulsés dans un ailleurs rempli de prières et de chants.

Mais c'est aussi parfois des frissons d'effroi face à l'obscurité, la poussière recouvrant tout, la moisissure rongeant les murs et la vermine dévorant planchers et boiseries : course lente mais inéluctable vers une mort certaine sous une couverture végétale.

Une courte introduction présente l'auteur et son travail photographique. Il y évoque entre autres le peintre Hubert Robert qui a peint en 1800 "Démolition de l'église Saint-Jean-en-Grève" qui rappelle à quel point les ruines ont de tout temps fasciné l'homme.

Chaque lieu photographié est accompagné d'un texte écrit par une dizaine de personnes à qui Francis Meslet a demandé de "s'adonner à un exercice de style descriptif".

Je préfère pour ma part regarder les images en dehors de toute influence extérieure, mais ces textes peuvent être lus dans un deuxième temps.

Un très beau livre, à offrir ou à s'offrir.

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